Kilo X-Ray, radiographie d’un convoyage

 

Le mécano de Châlons Ecury nous a donné son feu vert. Il est prêt à recevoir le KX (notre DR221) pour maintenance.

Ni une ni deux, nous sautons dans les avions car la météo est incertaine en ce mercredi après-midi. Une cellule orageuse se profile au loin vers l’est. Après un point météo, cela semble jouable. Je prend le KQ qui sort de sa 50 heures, Marie C et JFD montent dans le KX. On fait les pleins, après les essais moteurs, on s’aligne sur la 24, décollage et prise de cap vers Prunay. Tangente à l’est des installations, la R4 est inactive, on en profite pour couper au court et tirer tout droit vers Écury. On se pose sur la 04 avec un vent anémique. Le calme avant la tempête.

Marie nous propose d’aller boire un verre à l’aéroclub. Par acquis de conscience je verrouille la verrière du KQ. Finalement ce sera un café offert par les mécanos. Marie tombe en admiration devant un magnifique Bull Terrier qui garde l’atelier au bout de sa longue corde. Elle s’approche pour caresser le molosse. Soudain la bête jailli mâchoires ouvertes. La belle sauve ses doigts de justesse grâce à un magnifique réflexe. Marie passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel et vire au teint blanc cassé. Elle retrouve un peu de couleurs en tirant nerveusement sur sa vaporette.

L’orage progresse lentement mais sûrement. Cela n’empêche pas quelques planeurs de prendre les airs. Tirés par un treuil, la pente d’ascension est vertigineuse, le tout dans un silence déconcertant. Me vient à l’esprit la question suivante : »Qu’arrive t il si le câble ne se détache pas à la verticale du treuil ? ».

L’horizon noirci vers Mourmelon. Trois planeurs se poursuivent à la queue leuleu dans un courant ascendant et prennent de l’altitude. Une buse se mêle à la danse. Fini de rêvasser, Marie fera le vol retour, je sors les clés de ma poche et tente d’ouvrir la verrière pendant qu’elle effectue la visite pré vol. La clé ne rentre pas dans la serrure. On ne force pas, ça ne rentre pas d’un millimètre. Je cours chercher du WD40 à l’atelier. A mon retour JFD me lance, « on dirait que c’est pas les bonnes clés ». Mon franc tombe (NDR belgissisme), je sors de ma poche le bon trousseau et récupère les clés de ma grille d’entrée. Je paierai l’apéro au retour.

L’avion est pleine charge, la manche à air pend lamentablement au bout de son mât. Marie prend de la vitesse dans la cuvette en milieu de piste et tire doucement sur le manche à 110 km/h. On laisse derrière nous le ballet des planeurs, cap Prunay. La cellule est de plus en plus menaçante. Son front nous pousse vers l’ouest. On passe Prunay à la limite du front de rafales. Le DR 400 est secoué par les soubresauts. On resserre tous nos ceintures. A Rethel, M. Potier et JCC résistent à la chute de la foudre sur la tour et officient en tant qu’AFIS du jour. La pluie s’intensifie et Rethel est rapidement noyé dans le cunimb.

A Tagnon les éoliennes sont dans la couche, impossible de passer. La décision est prise de retourner à Prunay. On se fait de nouveau essorer en retraversant le front de rafales. L’Afis de Prunay annonce la 07 avec des rafales entre 20 et 25 nœuds. On se pose sans encombre et on s’immobilise sur le P5. L’accueil est cordial même s’il faut s’acquitter de la taxe pour cause de déroutement météo. On nous ouvre le salon des pilotes, cossu et branché, télé, minibar, café, magasines, etc. Cela donne des idées à Marie pour réaménager le chalet.

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On fait le point. Deux objectifs, comment rentrer à Rethel ? Et comment récupérer le téléphone de Marie qui l’a oublié dans le KX à Châlons? « Ah quel boulet! » (NDR selon ses propres termes). Le Cb glisse doucement vers l’ouest en effleurant Prunay. Un des L39 sort du hangar et décolle pour un baptême. De bonne augure pour un retour en avion.

Après une heure d’attente et un point météo, on redécolle dans la queue de l’orage. On abandonne à son sort le téléphone de Marie. JFD est aux commandes sous une bonne pluie de ciel de traine et une faible luminosité, des stratus se forment au dessus des bosquets, de la brume émerge des rares talus. Rethel surgit du tumulte. La pluie mitraille la verrière. La tour nous confirme que la 24 est en service, intégration directe en vent arrière, base et posé en douceur.

Un convoyage plein d’enseignements, en bonne compagnie et dans la bonne humeur. Chaque vol est unique, à chaque fois c’est une occasion de parfaire ses connaissances et d’acquérir un peu plus d’expérience. C’est ce qui fait à mes yeux le charme de l’aviation et me donne l’envie de voler. Un grand merci à M. Potier et JCC qui ont attendu notre retour.

 

Luc M

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